Offensive. C’est le qualificatif le plus approprié à la visite du président de l’Assemblée nationale à Saint-Martin, jeudi matin.Raymond Forni était accompagné pour l’occasion par le candidat aux élections législatives dans la quatrième circonscription, Victorin Lurel, ainsi que d’une délégation du conseil général.
Premier couac : l’absence du maire. Réaction du président de l’Assemblée nationale n’a pas tardé : « C’est inacceptable, c’est un manquement à la tradition républicaine. »
Le conseiller général Daniel Géniès à enfoncer le clou : « Je suis choqué, scandalisé que, sur le conseil de Lucette Michaux-Chevry, le maire refuse de recevoir le président de l’Assemblée nationale, le quatrième personnage de l’Etat. »
Mais Raymond Forni était présent à Saint-Martin principalement pour écouter les élus et les socioprofessionnels de l’île, qui lui ont rappelé les spécificités des îles du Nord : double insularité, défiscalisation, statut, fiscalité, immigration, insécurité, etc.
« Des problèmes qui existent à Saint-Martin, mais également dans les autres communes de France, même s’ils sont amplifiés ici de par l’environnement », a répondu le président de l’Assemblée nationale.
Les hôteliers ont tenu à insister sur « l’état catastrophique, calamiteux de l’économie touristique ». « Nous sommes à la veille de la destruction de l’île », a estimé Philippe Thévenet, le président de l’association des hôteliers de Saint-Martin.
Raymond Forni affirme qu' »il ne faut pas aggraver les choses pendant la campagne électorale, car même s’il y a de réels problèmes à régler, la campagne ne devrait pas être l’occasion de faire de la démagogie et de l’opportunisme ». Et les socioprofessionnels présents dans la salle de « souhaiter que le futur gouvernement prenne en compte les spécificités des îles du Nord ». Ce à quoi le président de l’Assemblée a précisé qu' »il ne diaboliserait ni ne ferait de procès en sorcellerie à Saint-Martin ».
Enfin, Raymond Forni a reçu le conseiller général de Saint-Barthélemy, Michel Magras, qui lui a confirmé la demande des élus, des socioprofessionnels mais aussi et surtout de la population : la mise en place d’un statut spécifique pour l’île, qui prenne en compte son histoire, sa double insularité et le traité franco-suédois.
Le conseiller général, également adjoint au maire de Saint-Barthélemy, a demandé à Raymond Forni d’insister auprès de Lionel Jospin pour que le Premier ministre candidat prenne position en faveur de la plus petite des îles du Nord, entre les deux tours.
En guise de conclusion, le président de l’Assemblée a évidemment prêché pour son camp, pour son candidat : « Ne vous laissez pas bercer par les sirènes de l’opposition. »