Depuis la semaine dernière et à la suite d’un incident entre des pêcheurs de Saint-Martin et les autorités d’Anguilla, des revendications anciennes sont remontées à la surface. L’association des pêcheurs de Saint-Martin réclame une vraie négociation, laquelle serait engagée.
Un coup d’éclat en fin de semaine dernière et depuis, ils rongent leur frein. Ils voulaient bloquer les chenaux d’accès (et ils ont déjà été capables de le faire), mais ils ont décidé de mettre la pédale douce, le temps de voir quelles propositions concrètes les autorités anguillaises vont faire à leurs homologues de Saint-Martin. La négociation serait engagée directement par le président de la COM, Frantz Gumbs, qui a pris en charge les activités économiques depuis le passage en dissidence du premier vice-président Daniel Gibbs. Mardi pourtant, faute d’interlocuteurs, les pêcheurs ont reçu justement le premier vice-président. « Nos pêcheurs, a-t-il déclaré, sont les victimes d’ententes signées à l’époque où nous faisions partie du département de la Guadeloupe. Ces ententes disposent des droits de pêches dans les eaux entourant Saint-Martin et ont donné, de bonne foi, à l’époque, une certaine marge de manoeuvre aux pêcheurs anguillais. Ce n’est malheureusement pas la Collectivité qui peut remettre ces ententes en cause». Dans un premier temps Daniel Gibbs a écrit au Préfet pour qu’il reçoive d’urgence une délégation de pêcheurs et qu’il traite en priorité ce dossier. Vendredi dernier, les pêcheurs sont «montés à la Préfecture» un peu bruyamment, où ils ont demandé à être reçus d’urgence. On leur a fait savoir que pour être reçu par le Préfet, il fallait faire une demande d’audience écrite. L’urgence ne doit pas se déparer d’un certain protocole, surtout quand le ton des pêcheurs était un tantinet agressif.
Alors depuis mardi, les pêcheurs attendent. L’audience avec le Préfet, mais aussi et surtout les propositions écrites des autorités anguillaises. «Nous admettons clairement qu’il faudra payer quelque chose pour pouvoir pêcher dans les eaux territoriales voisines, nous en avons conscience.
Mais nous exigerons la réciproque». Tony Page est ferme dans ses déclarations, il ne demande que l’équité. En clair, il n’admet pas de devoir payer une licence annuelle pour aller pêcher dans les eaux voisines, quand les pêcheurs d’Anguilla viennent vendre leur pêche à Saint-Martin sans s’acquitter de rien. Il faut de la justesse dans toute chose. Tony Page est d’autant plus désabusé par la situation qu’il explique que cela se passe en famille: lui-même étant anguillais par sa grand-mère. «Et, dans la famille ce genre de conflit ne doit pas avoir lieu. On ne se bat pas dans une famille ! Nous sommes obligés de vivre ensemble. Je ne leur en veux pas de protéger leurs eaux, j’accepte la mise en place de quotas de pêche, j’approuve la création de réserves et de sanctuaires, mais il faut annoncer et communiquer sur tout cela d’une autre manière qu’en plaçant un fusil sur ma tête».
Selon Tony Page, les propositions des autorités d’Anguilla pour réguler les activités des pêcheurs saint-martinois devraient arriver en fin de cette semaine. L’association prendra le temps de les lire et d’en tirer toutes les conclusions avant d’accepter quoi que ce soit. C’est de bonne guerre bien entendu. L’idée est également de parvenir à un accord pérenne qui ne soit pas remis en cause année après année. Car des incidents entre des pêcheurs saint-martinois et les gardes côtes des autorités anguillaises se produisent chaque année…