Alors même que le tribunal de commerce doit trancher le 19 décembre et que la compagnie aérienne n’a pas de certificat de transport, Aéroplus L.Air, l’ex-AéroLyon, annonce ses premiers vols pour le 13 décembre.Pour celui qui ne suit pas régulièrement l’actualité du transport aérien dans les dom, difficile de s’y retrouver. Annonces, contre-annonces, la cacophonie est la règle depuis quelques mois. Le dossier de l’ex-AéroLyon illustre jusqu’à la caricature, la confusion extrême dans laquelle est plongée la desserte aérienne des dom.
La dernière péripétie de l’ex-AeroLyon, devenue L.Air, a pris tout le monde de cours. La compagnie annonce qu’elle va desservir les Antilles à partir du 13 décembre prochain avec des Airbus A.330 loués auprès de la société américaine ILFC. « Les A.340-300, initialement prévus dans le cadre d’un contrat passé avec Boeing Aircraft, n’étant pas en effet disponibles à temps », révèle notre confrère Air & Cosmos.
Afin d’assurer la commercialisation et l’assistance en escale aux Antilles, une structure serait créée avec un capital détenu en majorité par des investisseurs guadeloupéens. Les appareils seraient ceux de la compagnie Delsey, ex-Virgin Express, aujourd’hui en dépôt de bilan. Ils se trouveraient actuellement à Larnaka, à Chypre.
L’information a de quoi surprendre. Certes, il y avait anguille sous roche. Début novembre, L.Air avait inauguré un site internet. On y lisait notamment ceci : « Notre but est de nous établir comme leader du long-courrier low-cost. »
« Les éléments clefs de notre stratégie sont : stimuler la demande, assurer des coûts d’exploitation bas, offrir des vols d’un point à l’autre sur des marchés sous-desservis et surtarifés, différenciés nos produits et services. L. Air assurera des vols journaliers vers la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Le trafic peut être augmenté de manière significative sur ces destinations en offrant des vols à bas coûts aussi bien pour les vacanciers que les hommes d’affaires, les étudiants et les mouvements ethniques. »
Mais voilà, le sort de L.Air reste suspendu à la décision du tribunal de commerce de Lyon qui ne sera rendue que le 19 décembre. On voit mal comment Jean-Marie Gras, PDG de la compagnie, et l’un des candidats à la reprise, pourrait redécoller le 13 décembre.
Le procureur en charge des affaires financières au parquet de Lyon a confié récemment à la brigade financière une enquête préliminaire. Elle porte sur deux points : le fait que l’entreprise n’exerce toujours aucune activité alors que plus de cinq mois se sont écoulés depuis la reprise par Jean-Marie Gras et les conditions dans lesquelles AeroLyon, filiale de Nouvelles Frontières à l’époque, a été placée en faillite.
Dernier élément de la saga, l’hostilité du personnel. L’intersyndicale avait déjà déposé un préavis de grève du 20 au 27 décembre au cas où Jean-Marie Gras serait choisi comme repreneur. Elle vient de réagir violemment à l’annonce du début des vols sur les Antilles. “L.Air n’a pas de certificat de transporteur aérien valide délivré par la Direction de l’aviation civile, pas de manuel d’exploitation à jour, pas d’avion. Les équipages de L.Air ne sont pas qualifiés A.330. Il faut plusieurs mois pour cela. Les salariés ne sont pas décidés à se faire couillonner et bloqueront cet éventuel avion. »