Le débat sur la décentralisation intéresse au plus haut point les responsables politiques de trois des quatre départements d’outre-mer (DOM) : Guadeloupe, Martinique et Guyane.Ayant choisi la Corse comme région pilote de sa réforme, Jean-Pierre Raffarin pourrait prendre en compte les travaux menés à Basse-Terre, Cayenne et Fort-de-France par les congrès des élus départementaux et régionaux depuis un an. Ces instances, mises en place par la loi d’orientation pour l’outre-mer du 13 décembre 2001, ont pour objet de formuler toute proposition de nature à simplifier l’architecture institutionnelle dans les DOM.
Dans ces régions « monodépartementales », coexistent depuis 1983 un conseil régional et un conseil général. Avec ce que cela suppose de chevauchements de compétences, de gaspillages, et de luttes d’influence.
C’est pour combattre ces effets pervers que Lionel Jospin et son secrétaire d’Etat chargé de l’outre-mer, Christian Paul, avaient accédé à la requête du président du conseil général de Martinique et sénateur (app. PS), Clause Lise. Pour lui, le temps était venu d’inscrire dans la loi la possibilité pour les populations des DOM d’aménager l’écheveau complexe des pouvoirs des collectivités territoriales. Le congrès a été pensé comme un espace de confrontation des projets élaborés essentiellement par les formations de gauche et les indépendantistes. La droite, parfois divisée, a néanmoins joué le jeu.
Lucette Michaux-Chevry, la Présidente UMP de la Région Guadeloupe a fini par réunir le congrès, à contrecoeur, avant de le déclarer caduc, une fois Jacques Chirac réélu. Il est vrai qu’elle a défendu avec le président indépendantiste de la région Martinique et le socialiste Guyanais Antoine Karam la « déclaration de Basse-Terre ». Ils travaillent la mise en place d’une région autonome dotée d’un statut social dérogatoire et d’un régime fiscal spécifique. Les deux fractions de la droite locale martiniquaise ont joué la montre, attendant l’alternance. En Guadeloupe comme en Martinique ou en Guyane, on se dirige vers la fusion de la région et du département en une collectivité unique. Le gouvernement ne s’y opposera pas, une fois opérée la refonte de la Constitution régissant les relations entre les collectivités publiques.
La ministre de l’outre-mer, Brigitte Girardin, a une tout autre priorité: la loi de programmation pour parvenir, en quinze ans, « à l’égalité économique des DOM » chère à Jacques Chirac ».