L'éolien dans le vent

Vendredi dernier, juste avant d’être sorti de son ministère, Jean-Louis Borloo qui était encore ministre de l’Écologie, a lancé un appel d’offres pour le développement de l’éolien terrestre en outremer. Deux centrales éoliennes pourraient être installées, l’une à Saint-Martin, l’autre à Saint-Barthélemy. De nouvelles turbines sortiront donc de terre sur l’île de Beauté, en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à la Réunion ainsi que dans les collectivités de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin. Cumulée, leur capacité s’élèvera à quatre-vingt quinze mégawatts (MW), dont vingt en Corse, vingt en Martinique, vingt sur l’île de la Réunion et quinze en Guyane.Ces éoliennes devront être équipées de dispositifs de stockage de l’électricité et disposer de prévisions de production. Elles ont aussi vocation à faciliter l’autonomie énergétique des contrées concernées, sans pour autant nuire à la stabilité du réseau. Les candidats devront remettre leur dossier de candidature avant le 30 mai prochain à la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Du côté de Saint-Martin, le vice-président en charge du développement durable, Pierre Aliotti s’est déclaré favorable à un développement de l’éolien et du solaire sur notre île. En raison de la cherté (et de la pollution avérée) des énergies fossiles (particulièrement le fioul qui alimente les centrales EDF et de production d’eau), un développement des énergies renouvelables est inévitable. Mieux, il est essentiel. Mais sur notre île, seules deux énergies de ce type sont envisageables : le vent et le soleil. «Compte tenu de notre dépendance à l’énergie fossile, il faut aller vers ces énergies renouvelables détaille Pierre Aliotti, que nous avons joint par téléphone. Avec des éoliennes terrestres voire même dans l’avenir plus lointain, des éoliennes offshores, nous pourrions tendre rapidement vers 30% au moins de capacité de production, en tenant compte que le soleil et le vent ne peuvent pas à eux seuls, en fonction des techniques actuelles, couvrir l’ensemble de nos besoins. Toute le secteur d’Eastern Point, l’un des points les plus ventés de l’île (du côté de l’éco site de Cul de Sac) semble une zone appropriée». L’éolien ne pourra pas toutefois être la seule énergie disponible. En effet selon des données statistiques, le vent est présent en force suffisante à Saint-Martin «que» 93% du temps. La compensation des périodes sans vent nécessitera sans doute de conserver un minimum d’énergie fossile pour compenser les creux de production. Il faudra juste éviter, dans ce développement à venir de l’éolien les erreurs du passé. Ainsi, le projet d’éoliennes géantes à Red Rock (au dessus de Cul de Sac) porté au début de l’année 2006 et dont le permis de construire a été contesté par des riverains a créé une certaine frilosité locale à l’égard de cette énergie renouvelable. Antoine Chapon résident de Cul de Sac, qui est l’un des contestataire le plus actif de ce projet d’éoliennes géantes sur Red Rock (toujours en attente 4 ans et demi après d’un jugement sur ce dossier) s’est déclaré attentif à cet appel d’offres, tout en reconnaissant que le groupe Vergnet, l’un des groupes qui s’est déjà positionné (voir notre encadré) avait développé des éoliennes dont le repli en cas d’alerte cyclonique était efficace. «La législation sur l’implantation d’éoliennes est ajourd’hui nettement plus contraignante qu’elle ne l’était il y a quelques années. Il faut désormais définir d’abord des ZDE, zones de développement éolien. Or, ces zones ne sont pas encore déterminées sur notre île. Enfin les enquêtes publiques et d’impact sont nettement plus poussées» rappelle-t-il. L’éolien fera-t-il donc bientôt une entrée sur notre territoire ? Sans oublier le solaire qui est également largement disponible sous nos latitudes et encore extrêmement peu présent, à part des installations récentes sur les toits des bâtiments territoriaux et quelques implantations chez des particuliers de chauffe-eau solaires. Bref, notre avenir énergétique passera par le vent et le soleil : deux atouts majeurs !