Y a-t-il trop de logements sociaux à Saint-Martin ? Visiblement pas suffisamment pour répondre à la demande croissante en la matière. La population relativement jeune de Saint-Martin qui cherche à s’installer, hors du cercle parental, sans en avoir les moyens, est l’un des facteurs qui explique une demande croissante. Selon des données de la Semsamar, gestionnaire du plus vaste parc immobilier social à Saint-Martin, chaque année plusieurs centaines de nouvelles demandes d’accès à des logements sociaux sont établies et peu trouvent une réponse favorable. La demande reste bien plus forte que la disponibilité locale, qui est pourtant très importante avec un peu plus d’un millier de logements sociaux sur notre territoire, la plus grande part revenant à la Semsamar, qui est un des rares bailleurs sociaux à construire chaque année de nouveaux programmes immobiliers. C’est à ce sujet d’ailleurs que le débat était relancé entre les élus, au cours du Conseil territorial du 26 octobre dernier. En effet, la Semsamar, dont le capital appartient à 51% à la Collectivité de Saint-Martin a besoin de garanties financières afin de lancer les financements de nouveaux programmes de construction. Actuellement, plusieurs programmes sont en cours : deux programmes de LLS (logements locatifs sociaux) pour un total de 120 logements et un programme de LAD (Logement à accession différée), tous devant être construits (certains chantiers ont commencé) à Concordia, notamment dans le secteur de l’hôpital.
Au delà de la garantie financière que la COM accorde à la SEM, le débat qui s’est engagé entre les élus se résume à cette observation : les logements sociaux sont-ils la seule solution. Car pour certains, la multiplication des programmes HLM ne serait pas la réponse appropriée : « plus il y aura constructions, plus il y aura de la demande » notait Guillaume Arnell « alors qu’il y a autour de nous de nombreux logements du secteur privés qui sont vides » et de demander un débat de fond sur la politique du logement. « Les propriétaires privés ne suffisent pas à répondre à la demande de logements et il faut pallier le déficit récurrent de logements. Mais il faut savoir ce qui est acceptable en matière de nouvelles constructions, d’autant que certaines zones sont totalement exemptes de logements sociaux quand d’autres cumulent ce type de logements. Il faut équilibrer le territoire et c’est un débat que nous devrons tenir avant 2012 » rappelait l’élu d’opposition. D’autant que pour chaque construction nouvelle, la demande d’équipements envers la Collectivité suit inexorablement l’implantation de nouveaux logements. « La politique du logement est à lier avec d’autres problématiques détaillait le président Frantz Gumbs. Plus de logements signifie à terme plus d’écoles, plus d’infrastructures ». S’éloignant ensuite du strict secteur du logement social, le débat des élus abordait également la question de la défiscalisation. Alain Richardson du RRR notant qu’au cours des dernières années des milliers de chambres d’hôtels (construites avec le régime d’aides fiscales) avaient été transformées en logements, « et pourtant chaque année il y a de nouvelles constructions et les besoins locaux ne sont toujours pas couverts ». Bref, la question du logement semble cruciale désormais et elle l’est d’autant plus que la politique gouvernementale tend particulièrement à appuyer les aides pour du logement social avant tout. Alors que depuis 2007, la Collectivité tendait à vouloir réduire cette part du logement social locatif classique au profit de l’accession à la propriété. Une formule qui existe désormais sur notre territoire (deux programmes actuellement sont en cours, l’un à Quartier d’Orléans et l’autre à Concordia) mais les dizaines de logements proposés seront loin de couvrir les besoins.