Même si l’activité de la croisière à Marigot a le vent en poupe – la progression a été énorme en quelques années, passant de 8 000 visiteurs en 2005 pour atteindre près de 14 000 croisiéristes en 2009 -, il manque de structures réellement dédiées à ce secteur de développement économique pour qu’un décollage significatif se produise. Avec une moyenne d’une soixantaine d’escales par an de megayachts de croisière et donc près de 14 000 visiteurs accueillis, cette activité est devenue non négligeable pour le port de commerce de Galisbay : cette activité d’escale de croisière représente en effet 5 à 8 % du chiffre d’affaires du port. Mais il s’agit justement d’un port de commerce et non d’un port construit et pensé pour accueillir du public, qui plus est exigeant, dans le cadre de croisière de luxe, haut de gamme. Depuis décembre 2009, certains de ces bateaux de croisière ont même choisi Saint-Martin comme port de base. Cela signifie que la croisière démarre à Saint-Martin et que tout l’avitaillement du navire (en carburant, en eau potable notamment, en maintenance) se fait sur place. D’où un apport de chiffre d’affaires important pour le port. Cela implique un aménagement du quai du port de commerce pour recevoir ces croisiéristes. Or, en dépit des efforts pour rendre le site plus attractif (des tentes sont installées, et un accueil de bienvenue est réalisé avec le soutien de l’Office de Tourisme), cela n’a rien d’un quai de voyageurs, et le site reste dans un environnement industriel qui n’est pas très adapté à cette clientèle habituée au luxe et aux services.
La nécessité d’avoir un quai d’accueil pour ces megayachts de croisière ne date pas d’hier, mais elle a souffert, au fil des années d’un manque cruel de finances. Lors d’une tentative d’équiper le front de mer (de Galisbay à Marigot), sous la forme d’un marché à définition, les sommes réclamées pour ces aménagements dépassaient rapidement la centaine (voire 200) millions d’euros. Il faut en effet non seulement draguer le port pour augmenter le tirant d’eau jusqu’au rivage, créer un quai de près de 200 mètres de long et surtout, pour faire face à la houle de nord qui malmène les navires précisément pendant la haute saison touristique (de novembre à avril), il faut construire une digue de protection pour mettre les bateaux et leurs passagers, à l’abri de ces coups de mer. Des équipements nécessaires, car en raison de leur absence certaines compagnies tournent le dos à Marigot/Galisbay et s’en vont chercher ailleurs (souvent, juste à côté, à Sint Maarten) ce qu’elles ne trouvent pas chez nous. Pourtant le potentiel de Marigot est réel : « lorsque nous discutons avec les compagnies qui opèrent sur ce marché de la croisière de luxe, lors du Sea Trade de Miami ou lors de la convention de la Florida Caribbean Cruise Association, on nous assure que les clients de ces croisière cherchent l’authenticité, et ne veulent, surtout pas, être assimilés aux croisiéristes des énormes bateaux qui viennent à Philipsburg, d’où l’attrait pour Marigot » explique Albéric Ellis, le directeur du port de Galisbay. En revanche, le fait d’avoir à mouiller au large avec des liaisons qui durent de 10 à 15 minutes, en chaloupes, pour rejoindre la ville n’est pas forcément attrayant, ni très sécurisé pour une clientèle, souvent âgée. Saint-Martin est donc désespérément dans l’attente d’un quai pour développer, encore plus qu’aujourd’hui, l’accueil de la croisière. « Avec un véritable quai dédié à la croisière nous pourrions, très facilement, doubler le nombre d’escales à Marigot » précise Albéric Ellis, le tout est de savoir quand cela sera possible…