Jimmy DABRIOU – Marin pêcheur
Le carburant augmente, la coopérative des marins pêcheurs n'existant plus, la profession est de plus en plus menacée. Que reste-t-il à un pêcheur pour continuer son métier autre que la passion…
Saint-Félix, 16h30, après une journée passée en mer, débutée à 5h ce matin, comme tous les matins, Jimmy aidé d'un équipier prépare de nouveau son bateau pour une nouvelle sortie. Deux sorties parce que le poisson se fait de plus en plus rare. Chaque jour, c'est le même rituel. Départ tôt, voire même très tôt lorsque les périodes où les poissons pélagiques (dorades, thazards, thons, marlins, …) sont un peu plus nombreux.
Et pourtant, aujourd'hui cela devient difficile pour Jimmy, une nouvelle fois de prendre la mer. A bien considérer, il y a de moins en moins de poissons, les sorties coûtent parfois plus qu'elles ne rapportent, le carburant et les charges liées à son activité augmentent au fur et à mesure, comme le coût de la vie. Rien qui entrerait dans un plan de carrière intéressant. Alors lorsqu'on lui pose la question à savoir qu'est-ce qui le pousse à continuer, il nous répond : "La passion pour le métier, et l'amour de la mer".
Lui se considère tout de même comme privilégié. Ayant connu des périodes beaucoup plus fastes qui lui ont permis, entre autre de partir du département durant dix ans, il est revenu avec encore toute sa passion pour la pêche. Mais pour ce qui concerne les générations à venir, il est beaucoup plus sceptique.
La problématique qui touche le secteur devient de plus en plus critique pour toute une série de familles qui tirent leurs revenus essentiellement de la pêche. A l'heure actuelle, certaines réussissent toujours, et tout juste à subsister, mais pour combien de temps encore ?
Quelles solutions de rechange ? Quelle place pourrait-on donner à la pisciculture, ainsi qu'à la formation de futurs professionnels en ce sens ?
Autant de questions abordées avec certains professionnels de la pêches qui ne sont pas tous forcément toujours en première ligne, mais qui possède avec une véritable expérience du métier dans la zone, et conscients également de solutions impératives à trouver avant que tous les poissons consommés en Guadeloupe ne viennent entièrement de l'importation. Nous nous sommes entretenus avec lui au retour d'une sortie.
Il revenait sur les problèmes que rencontre en plus les pêcheurs, dont une machine à glace installée il y a plus d'un an sur le port de pêche de Saint-Félix, et qui pour l'instant ne fonctionne toujours pas. Les professionnels sont donc obligés d'aller chercher leur cargaison de réfrigérant à Saint-François, ou user d'expérience pour garder le poisson frais.