Port : vers un développement

La réforme portuaire de 2008, qui a alimenté bien des débats en France métropolitaine, mais aussi sur les ports français antillais, entre en scène à Saint-Martin. Elle implique notamment qu’une convention de terminal portuaire soit prise afin de rendre les ports plus compétitifs. Albéric Ellis, responsable du port de commerce de Galisbay a ainsi fait la demande au Conseil territorial de la COM d’autoriser la modification du code maritime français. « Cela permet d’entrer de plain pied dans la 3e phase de développement du port explique-t-il. La convention portuaire permet ensuite d’entrer en négociations avec les armateurs et les gestionnaires portuaires de toute la région ». Le port de commerce de Galisbay étant propriété de la COM, même si sa gestion est autonome au travers d’un EPIC (établissement public industriel et commercial), l’approbation des élus était nécessaire. Ce qui a été fait, de façon unanime, il faut le souligner, lors du Conseil territorial du 7 juillet dernier.
La 3e phase de développement du port de commerce était dans les cartons depuis très longtemps. Elle prévoit la création d’un chenal d’accès de 1000 mètres de long, un tirant d’eau de 10 mètres de profondeur (ce qui va rendre nécessaire un dragage de la baie de la Potence près des installations portuaires), la construction de 300 mètres linéaires de quais et la mise en place de 50 000 m2 de terre-plein. Des installations qui feront clairement du port de Saint-Martin un port de commerce au rayonnement potentiellement régional. « Le but est avec ces futures installations de faire du port de Galisbay, un port vraiment plus compétitif. De développer le trafic domestique afin qu’il y ait un équilibre plus équitable entre les deux ports de l’île » explique Albéric Ellis. Jusqu’ici en effet, les installations de Pointe Blanche drainent un maximum du trafic maritime vers la partie hollandaise. Car les prestations du port de commerce de Galisbay sont, à l’heure actuelle, encore trop limitées au regard des besoins en espace, en tirant d’eau, des navires qui sillonnent notre région. Or, l’agrandissement prévu du Canal de Panama, à l’horizon 2014, nécessite de revoir la donne en urgence. Car, d’ici deux ans, les navires qui parcourront nos eaux seront de plus en plus imposants. Faute d’infrastructures suffisantes à Galisbay, ils auraient définitivement tourné le dos à Saint-Martin. « Avec l’arrivée prévue de ces énormes navires, les ports de transbordements vont devoir évoluer. Si nous réalisons la phase 3 de développement de notre port, nous pourrons être prêts pour être l’un de ces ports de transbordement » détaille Albéric Ellis. Transbordement du trafic domestique, certes, mais aussi pour les marchandises à transporter ensuite vers l’ensemble des îles de la Caraïbe. Une fenêtre de développement que le directeur du port de commerce ne veut pas laisser passer.
Mais, même si l’EPIC Port de commerce de Galisbay est l’unique établissement satellite de la COM à fonctionner avec ses fonds financiers propres et à faire des bénéfices, les investissements nécessaires à cette 3e phase sont importants. Faute d’espérer des financements de la part de la Collectivité, exsangue, c’est donc sur le format d’un partenariat public/privé que ce développement du port de commerce pourra se réaliser. « L’important est de nous donner les moyens d’être compétitifs avec des moyens de financement stratégique » a plaidé sa cause, Albéric Ellis devant les élus saint-martinois. Et de montrer en exemple les aménagements en cours en Guadeloupe où près de 200 millions d’euros sont injectés, avec des investisseurs privés pour mettre le port de Pointe-à-Pitre en adéquation avec les besoins des navires. Alors que la venue d’investisseurs privés a fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois, à Saint-Martin, en ce qui concerne le développement (reporté aux calendes grecques ?) du Front de mer, les élus ont fait front unanime pour le port de commerce, et la convention de terminal portuaire a été adoptée par l’ensemble des élus. « Au Conseil d’administration du port de Galisbay règne un climat intéressant, avec beaucoup de franchise et de transparence » soulignait Guillaume Arnell du RRR. Regrettant sans doute des situations plus opaques sur d’autres satellites de la COM ?